Pour sa 5e édition, le salon Secours Expo proposait le 4 avril une conférence sur le thème « Une victime, des bilans ». Ce fut l’occasion pour les professionnels de l’urgence et des premiers secours d’aborder la problématique de l’uniformisation du bilan. Retour sur cette table ronde.
Le bilan, un élément capital dans la prise en charge d’une victime
Le bilan représente « la vision de la situation, du patient fait par un professionnel de santé » résume le Dr Bruno Goulesque, Médecin urgentiste, Directeur médical du PHTLS et Praticien hospitalier au SAMU68. Il est utilisé à toutes les étapes de la prise en charge d’un patient. En effet, les secouristes abordent chaque victime en réalisant une succession de bilans. Ces données transmises oralement à l’équipe de régulation médicale du SAMU ou par l’intermédiaire d’une fiche bilan vont permettre d’avoir une idée précise de la situation. Le bilan est donc crucial. Il permet de définir les modalités de la prise en charge du patient et d’obtenir un avis médical sur l’état de la victime.
« Un bon bilan est le début d’une bonne prise en charge ». Soizic Chantepie, trésorière à l’UNARM, nous rappelle les qualités du bilan. Ce dernier doit aller à l’essentiel. En effet, un bon bilan est avant tout synthétique et rapidement évocateur de la gravité. Il doit également être fait de manière construite et réfléchie en hiérarchisant les différentes informations récoltées.
Par ailleurs, au-delà de son importance pour la prise en charge de la victime, le bilan (téléphonique et papier) possède également une importance juridique. Systématiquement enregistré dans le dossier médical du patient il constitue une pièce médico-légale.
Un besoin d’uniformisation du bilan
Malgré l’importance du bilan dans la prise en charge pré-hospitalière et hospitalière de la victime, on constate qu’il n’y a pas de modèle unique du bilan au niveau national. En fonction du département où a lieu l’intervention et de l’équipe de secouristes, le document et la technique utilisés vont diverger. Le Délégué du CATSUF IDF, Cyril Deharbe nous confie même qu’il existe encore des départements où les ambulances ne disposent pas de fiche bilan.
Ce manque d’uniformité s’explique dans un premier temps par la variété des interventions. En effet, les interventions sont différentes les unes des autres. Il est donc difficile de mettre un bilan unique commun à toutes les équipes de secouristes. Dans un second temps, l’absence d’un bilan unique à l’échelle nationale découle de l’hétérogénéité des pratiques médico-secouristes. Toutes les personnes qui sont amenées à prendre en charge les victimes ne travaillent pas avec la même doctrine. Certains ont adopté la méthode anglo-saxonne ABCDE tandis que d’autres privilégient la méthode française. Cette disparité influe directement sur l’efficacité de l’intervention et la prise en charge de la victime ; il est parfois à l’origine de mauvaises interprétations, de lenteur dans la prise en charge du patient ou encore de perte d’information.
La digitalisation du bilan : un premier pas vers l’uniformisation
Sur la scène internationale, l’armée a réussi à mettre en place un bilan unique. Afin d’améliorer la communication entre les différents intervenants étrangers, elle a homogénéisé la prise en charge des victimes. Cette uniformisation est permise grâce à la technique du SAFE MARCHE RYAN et d’une fiche bilan codifiée. Face à la réussite de ce modèle international, différents acteurs de l’urgence ont montré une volonté d’uniformiser le bilan afin d’optimiser la transmission des données et d’améliorer la prise en charge et l’orientation du patient.
Bien qu’il soit favorable à l’uniformisation du bilan, le Dr François Braun, précise cependant que cette automatisation doit être « réfléchie ». Ce bilan unique doit pouvoir s’adapter aux différentes situations. Dans le cas des interventions des traumatisés graves ou d’une personne dans le coma, un bilan complet est nécessaire.
Selon les éditeurs de plateformes et de bilans dématérialisés, la digitalisation du bilan peut être une réponse potentielle à son uniformisation. En effet, différentes sociétés telles qu’A PROPOS (UrgSAP), NOMADEEC et NFSAVE qui proposent des logiciels permettant de dématérialiser la fiche bilan. Ces interfaces permettent d’optimiser le processus de traitement des Secours d’Urgence A Personne (SUAP). Il existe également des dispositifs médicaux intégrant des dossiers médicaux numérisés. Ces appareils automatisent la transmission du dossier médical du patient vers le centre de régulation. Ils facilitent les échanges entre les équipes d’intervention (SMUR, MCS, ou MSP vers l’équipe de régulation). Ces solutions réduisent ainsi le temps de traitement et de prise en charge du patient et améliorent son orientation.
Références :
- https://www.sudouest.fr/2018/05/09/samu-que-se-passe-t-il-lorsque-vous-composez-le-15-5043044-4696.php
- https://www.samu-urgences-de-france.fr/medias/files/ModerniserLaRegulationMedicale-TexteLong_mai2018.pdf
- https://www.pompiers.fr/actualites/vers-une-evolution-du-bilan-avec-labcde
- https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/05/09/comment-fonctionne-le-samu-mis-en-cause-apres-de-graves-dysfonctionnements-a-strasbourg_5296808_4355770.html