Devenu incontournable en médecine d’urgence, l’électrocardiogramme se pratique de plus en plus en médecine générale. Avec 150 000 décès par an, les pathologies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité en France (après le cancer). L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime que d’ici 2030, les maladies cardiovasculaires augmenteront de 3% et les AVC de 8%(1). Si certaines pathologies imposent généralement un bilan à l’hôpital, le médecin généraliste reste un maillon incontournable : il pose un premier diagnostic et oriente le patient si besoin vers le spécialiste ou le service des urgences.
Réaliser un ECG pour le dépistage des maladies cardiovasculaires
La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) a dressé la liste des motifs de consultations en médecine générale(2). 25,3% d’entre elles, tous âges confondus, sont consacrées aux maladies cardiovasculaires. L’hypertension artérielle (HTA) arrive en première position avec 16,6% des cas. Chez les patients de plus de 70 ans, la proportion atteint 33,6 % des consultations totales. En complément de la mesure de la pression artérielle en ambulatoire (MAPA), l’HAS (Haute Autorité de Santé) et l’ESC (European Society of Cardiology) recommandent un ECG de repos dans le bilan initial, voire une échocardiographie.
La douleur thoracique est évidemment un motif de consultation où la réalisation d’un ECG s’avère indispensable. L’examen doit se pratiquer dans les plus brefs délais, afin que le patient bénéficie d’une revascularisation la plus rapide possible :
- En attendant l’arrivée du SMUR afin de faire gagner de précieuses minutes avant un geste de revascularisation ;
- Comme moyen de diagnostic. Cependant, il est à noter qu’environ 20% des infarctus en phase aigüe présentent un tracé électrique normal.
Divers traitements nécessitent également d’effectuer un ECG de repos avant leur administration. Si la plupart restent anecdotique, certains d’entre eux plus fréquents demandent un suivi tout particulier, comme les neuroleptiques. En effet, la prescription de neuroleptiques se fait une fois sur deux avec le médecin généraliste. D’autre part, les études prouvent que la population psychiatrique est plus à risque de mort subite que la population générale. L’allongement du QT lié aux neuroleptiques est dose-dépendant. L’examen s’impose donc avant et pendant la médication.(3)
Certificat de non-contre-indication à la pratique sportive
Pour l’année 2018, on recense environ 18,4 millions de licences et Autres Titres de Participation (ATP) délivrés par l’ensemble des fédérations agréées par le ministère des Sports(4). Même si le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) propose la suppression pour les moins de 18 ans du certificat d’absence de contre-indication à la pratique du sport, à ce jour, il s’effectue tous les 3 ans (sauf exigence spécifique de la fédération). En revanche, certaines disciplines dites à contraintes particulières demandent un suivi annuel particulier en plus de l’examen clinique de base :
- l’alpinisme, la plongée subaquatique, la spéléologie ;
- les disciplines sportives pratiquées en compétition et pouvant aboutir à un KO (boxe anglaise, boxe française, kickboxing, etc.) ;
- les pratiques comportant l’utilisation d’armes à feu ou à air comprimé (tir, ball-trap, biathlon) ;
- les sports aéronautiques pratiqués en compétition et comportant l’utilisation de véhicules terrestres à moteur, d’un aéronef ;
- le rugby à XV, à XIII et à VII.
L’arrêté du 24 juillet 2017 fixe ainsi les examens sine qua non à réaliser pour pratiquer ces activités. Ainsi, pour l’alpinisme et la spéléologie, « une attention particulière est portée sur l’examen cardio-vasculaire ». Pour le rugby, l’examen « est complété par la réalisation d’un électrocardiogramme de repos à la première délivrance de licence à partir de 12 ans puis, tous les 3 ans jusqu’à 20 ans, puis tous les 5 ans jusqu’à 35 ans ». A partir de 40 ans, le joueur s’adresse au cardiologue pour une épreuve d’effort et une échographie cardiaque.
Des ECG adaptés à l’exercice de la médecine générale
La nouvelle génération d’ECG s’adapte parfaitement à un usage en médecine générale. Très simple d’utilisation, certains modèles permettent de pratiquer l’examen avec 3 boutons seulement ! Grâce à un programme de vérification du positionnement des électrodes, il accompagne le médecin, ou son assistant(e), dans la préparation du patient. L’acquisition de l’ECG se lance ensuite en moins de 3 secondes. Il est conseillé de choisir un dispositif doté d’une excellente qualité de tracé (fréquence d’échantillonnage haute définition à 32000 Hz), qui convient également à un usage pédiatrique. Avec un écran couleurs, le médecin pré-visualise l’ECG avant l’enregistrement. Certains modèlent proposent un logiciel automatique d’interprétation avec une précision de référence cardiologique. L’examen peut ensuite être exporté en PDF via une clé USB, afin de l’intégrer directement au dossier patient, de l’envoyer éventuellement à un cardiologue pour avis ou à un service de téléinterprétation cardiologique.
L’ECG s’accompagne éventuellement d’un chariot pour un usage en cabinet de groupe et/ou d’une sacoche de transport. S’il est choisi compact et léger, il accompagne le praticien dans ses visites à domicile.
(1) Chiffres INVS, 2017
(3) Cet article est en partie inspiré de l’excellente thèse du Dr Samuel MORIN : http://docnum.univ-lorraine.fr/public/BUMED_T_2014_MORIN_SAMUEL.pdf