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Dermoscopie

Intérêt de la dermatologie en médecine générale 

En France, un grand nombre de régions sont confrontées à une pénurie de dermatologues. Selon la Fédération Française de la Peau, certains départements recensent seulement cinq praticiens pour 100 000 habitants.

Parallèlement, la demande de soins dermatologiques ne cesse de croître. En effet, d’après Santé publique France, entre 141 200 et 243 500 cas de cancers cutanés sont diagnostiqués par an.

Face à cette situation, prendre rendez-vous avec un dermatologue pour un dépistage devient de plus en plus difficile, voire impossible. Cet article explore les solutions permettant aux médecins généralistes de prendre en charge les pathologies cutanées courantes, en renforçant leurs compétences en dermatologie.

La formation DPC en dermatologie pour les médecins généralistes

L’augmentation des cas de pathologies dermatologiques, combinée à la baisse du nombre de dermatologues, entraîne des retards de diagnostic parfois graves pour les patients. Dans ce contexte, le Développement Professionnel Continu (DPC), offre l’opportunité aux médecins généralistes de se former.

Le principale objectif pédagogique des formations DPC est de permettre aux médecins généralistes de réaliser un premier dépistage du mélanome. Elles permettent également aux praticiens d’approfondir leurs connaissances en matière de tumeurs cutanées, et d’apprendre à choisir et à manipuler un dermatoscope.

Focus : comment déterminer les patients à risque en dermatologie ?

La Haute Autorité de Santé présente les 7 questions à poser lors d’un examen de dépistage :

  • Avez-vous des antécédents personnels ou familiaux de cancers de la peau ?
  • Bronzez-vous difficilement ou êtes-vous sujet aux coups de soleil ?
  • Au cours de votre enfance ou de votre adolescence, avez-vous eu des coups de soleil avec brûlures au second degré (érythème + cloque) ?
  • Avez-vous beaucoup de nævi (≥ 40) ou des nævi larges (+ de 5 mm) et irréguliers ?
  • Êtes-vous régulièrement exposé aux UV artificiels (cabines de bronzage, soudure à l’arc) ?
    Êtes-vous immunodéprimé, que cette immunodépression soit constitutionnelle ou acquise (traitement immunosuppresseur, VIH-sida) ?
  • Travaillez-vous ou avez-vous travaillé à un poste qui vous expose à des facteurs de risque de cancer de la peau : UV, arsenic, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), rayonnements ionisants ?

La téléexpertise en dermatologie pour un diagnostic précoce

Pour pallier le manque de dermatologues, la téléexpertise est une solution efficace. Les médecins généralistes peuvent réaliser un premier dépistage grâce à un dermatoscope et solliciter un dermatologue à distance pour poser un diagnostic.

Grâce à cet acte de téléexpertise, le médecin généraliste peut détecter de façon précoce de nombreuses lésions cutanées parfois malignes ou bénignes : gale, carcinome cutané, mélanome, kératose actinique et kératose séborrhéique, etc.

Téléexpertise en dermatologie

Nouveautés de la convention médicale 2024-2029 sur la téléexpertise

La nouvelle convention médicale signée par les syndicats des médecins libéraux et l’Assurance Maladie le 4 juin dernier, et applicable dès décembre 2024, introduit des évolutions importantes :

  • Suppression de la limite de 20 % du volume d’activité conventionnée pour la téléexpertise.
  • Revalorisation de l’acte TE2 du médecin requis, passant de 20 € à 23 € à compter du 1er janvier 2026.

 

Médecin requérant Médecin requis
Avant application de l’article 90-2 de la convention médicale 2024-2029 10,00 € 20,00 €
Après application de l’article 90-2 de la convention médicale 2024-2029 10,00 € 23,00 €

Mettre en place une téléexpertise efficace en dermatologie

Pour pratiquer un acte de téléexpertise, les médecins généralistes doivent s’équiper d’un dermatoscope. Cet outil simple d’utilisation et non invasif permet d’étudier de façon précise diverses lésions de la peau.

Pour une qualité d’image maximale, un examen optimal et un diagnostic précis, quatre critères de choix doivent être pris en compte lors de l’achat d’un dermatoscope :

  • Un objectif d’au moins 2 cm de diamètre pour l’examen des gros mélanomes.
  • Un grossissement x10 pour une analyse plus précise de l’épiderme.
  • Une lumière polarisée de haute qualité pour masquer la lumière réfléchie sur la peau.
  • Un système de capture d’image simple pour assurer le suivi des patients et envoyer des demandes de téléexpertise.

Les principales familles de dermatoscopes

Il existe deux grandes catégories de dermatoscopes : les dermatoscopes optiques et les dermatoscopes numériques. Pour un dépistage dermatologique, les médecins généralistes ont les mêmes besoins qu’un spécialiste en terme de qualité d’images. Ils peuvent donc s’appuyer sur les conseils avisés d’un dermatologue pour sélectionner le dispositif le plus adapté.

Le dermatoscope optique, également appelés analogique, est l’outil traditionnellement utilisé pour le dépistage du mélanome et reste le plus employé. Sur le marché de la dermoscopie, on trouve une large gamme de dispositifs à différents prix. Cependant, il est essentiel de prêter attention aux caractéristiques lors de l’achat. Par exemple, certains appareils ne sont pas équipés de lumière polarisée, obligeant l’utilisateur à utiliser un liquide de contact pour éliminer les reflets sur la peau. À l’inverse, d’autres modèles proposent des accessoires pratiques, telles que des adaptateurs pour smartphone permettant la réalisation de clichés sous format numérique.

Le dermatoscope numérique est équipé d’une caméra qui permet de capturer des images des lésions cutanées. Ces clichés peuvent être visualisés en temps réel sur un ordinateur ou un smartphone. Il facilite également le stockage dans le dossier patient et/ou la demande de téléexpertise. Bien que ce dispositif semble simple à utiliser, il est crucial que la facilité d’exécution ne se fasse pas au détriment de la qualité des images. Actuellement, peu de dermatoscopes numériques sont reconnus pour répondre pleinement aux exigences en matière de qualité d’image. En outre, le prix d’un dermatoscope numérique performant est nettement supérieur à celui d’un dermatoscope optique de qualité égale.

En résumé

La formation DPC en dermatologie et l’usage de la téléexpertise offrent aux médecins généralistes des outils efficaces pour répondre à l’augmentation des besoins en soins dermatologiques. Avec un équipement adapté, ces professionnels peuvent diagnostiquer précocement des pathologies cutanées et améliorer l’accès aux soins pour leurs patients.

 

► Pour aller plus loin : Guide du médecin traitant : stratégie de diagnostic précoce du mélanome à retrouver sur : has-sante.fr