Chaque année, on dénombre 46 000 décès en France suite à un arrêt cardio-respiratoire (ACR). C’est la conclusion d’une étude publiée le 21 avril 2018(1). Il s’agit ainsi d’une des principales causes de mortalité dans notre pays. Sans l’utilisation d’un défibrillateur, le taux de survie est estimé à seulement 3 à 5%. Il est 4 à 5 fois plus élevé dans les pays où les lieux publics sont équipés de défibrillateur et où la population a été formée aux gestes qui sauvent. Le taux de survie à 30 jours double lorsqu’il a été fait usage d’un défibrillateur.
Dans 70% des cas, ces accidents se produisent devant témoins. Mais seulement 20% d’entre eux appliquent la chaîne de survie(2). La Fédération Française de Cardiologie (FFC) l’affirme : 80% des personnes qui survivent à un arrêt cardiaque ont bénéficié de l’utilisation d’un défibrillateur(3).
Des facteurs de risques toujours plus élevés
88 % des arrêts cardiaques chez l’adulte sont dus à une cause cardio-vasculaire et frappent les hommes dans 63% des cas(1). Ces dernières années ont vu les facteurs de risques augmenter de façon constante : vieillissement de la population, cholestérol, diabète, tabac, surpoids, manque d’activité physique… La FFC apporte un éclairage plus précis(4) :
- Le tabac : entre 30 et 70 ans, 4 décès cardio-vasculaires sur 10 sont dus au tabagisme.
- L’hypertension artérielle, une pression artérielle trop élevée.
- Le diabète, un excès de sucre dans le sang,
- L’excès de cholestérol (ou hypercholestérolémie), un taux trop élevé de LDL-cholestérol dans le sang. Un taux trop bas de HDL-cholestérol est également un facteur de risque.
- L’obésité et le surpoids. Attention si le tour de taille est ≥ 88 cm chez la femme et ≥ 102 cm chez l’homme !
- La sédentarité. Elle contribue à la survenue ou à l’aggravation de plusieurs facteurs de risque (hypertension artérielle, diabète, surpoids, hypercholestérolémie…)
- L’alcool. Plus de trois verres par jour chez l’homme et deux chez la femme, augmentent le risque cardio-vasculaire.
« Les facteurs de risque ne s’additionnent pas, ils se potentialisent, c’est-à-dire qu’ils s’aggravent l’un l’autre. Ainsi, l’association de plusieurs facteurs de risque, même de faible intensité, peut entraîner un risque très élevé de maladie cardio-vasculaire. Par exemple, si vous avez une tension artérielle modérée, une petite intolérance au sucre, un cholestérol moyennement élevé et que vous êtes un petit fumeur, vous êtes beaucoup plus « à risque » que celui qui aura un cholestérol très élevé isolément » explique l’association.
L’une des priorités du gouvernement
Depuis mai 2007, un décret autorise toute personne à se servir d’un défibrillateur. En 2018, le gouvernement décide d’accélérer les choses. Il souhaite permettre aux Français de savoir réagir face à des situations d’urgence et de détresse. La formation devient alors l’une des mesures phares de son plan de prévention. Objectif : 80% de la population formée !
« Ma responsabilité en termes de prévention c’est de tout mettre en œuvre pour que, d’ici la fin du quinquennat, 80% de la population soit formées aux gestes qui sauvent.»
Gérard Collomb – Ministre d’État, ministre de l’Intérieur
L’an passé, le gouvernement devait donc mener un travail interministériel piloté par le ministère de l’intérieur, en concertation avec tous les acteurs pour établir les modalités d’application de ce projet ambitieux. Ainsi, la circulaire du 02 octobre 2018, relative à la généralisation auprès de l’ensemble des agents publics des formations aux gestes de premiers secours, fixe dès à présent les modalités de formation pour les agents publics.
Par ailleurs, cette mesure fait écho au vote de la loi « défibrillateur cardiaque » adoptée le 13 juin 2018. Son décret d’application paru le 19 décembre 2018, rend obligatoire l’équipement en défibrillateur dans les Établissements Recevant du Public d’une part. D’autre part, le décret n° 2018-1259 du 27 décembre 2018 relatif à la base de données nationale des défibrillateurs automatisés externes, spécifie que les exploitants de DAE doivent déclarer le lieu d’implantation ainsi que l’accessibilité territoriale de leur parc. Ainsi, l’accès aux défibrillateurs sera facilité sur l’ensemble du territoire de par leur déploiement et une géolocalisation accrue.
Une formation pour sauver une vie
Lors d’une initiation aux gestes de premiers secours, le principe de la chaîne de survie est enseigné : la reconnaissance de l’arrêt cardiaque :
- l’alerte,
- la conduite à tenir face à une personne ne présentant pas de signe de vie,
- l’utilisation d’un défibrillateur.
Une heure de sensibilisation, voire une formation e-learning, suffit pour maîtriser ces gestes, conformément à l’arrêté ministériel du 16/07/2010 (NOR: IOCE1019564A).
S’il est essentiel de connaître ces étapes, c’est que tout se joue dans les premières minutes ! En effet, 1 minute perdue = 10% de chance de survie en moins… Les conséquences neurologiques, voire la survie de la victime dépendent de la rapidité de l’intervention. En effet, des lésions cérébrales apparaissent dès la troisième minute. Les secours mettent en moyenne 14 minutes pour arriver…
Pratiquer les gestes de premiers secours peut permettre au cœur de repartir. Le massage cardiaque assure en effet l’oxygénation des organes vitaux lorsque la victime a cessé de respirer et est en état d’inconscience. Le défibrillateur permet, par un choc électrique, de relancer l’activité cardiaque.
>> J’accède à l’ensemble des textes législatifs relatifs aux défibrillateurs
- Epidemiology of out-of-hospital cardiac arrest: a French national incidence and mid-term survival rate study : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2352556818300687
- Appeler, masser, défibriller
- https://www.cfrc.fr/documents/brochure-arret-cardiaque-1-vie-3-gestes.pdf
- https://www.fedecardio.org/Je-m-informe/Reduire-le-risque-cardio-vasculaire/les-facteurs-de-risque-cardio-vasculaires